dimanche 14 décembre 2008

Le concile de Bénie-Ile - 2

" Il ne s'agit en rien d'insinuations, Excellence, mais de réalités. Il m'est interdit par les règles de l'ordre de déplacer d'une île à une autre plus d'une compagnie sans l'accord de l'intégralité du grand conseil templier. Grand conseil dont vous êtes membre, Excellence.
- Je n'allais pas sacrifier à la légère nos preux, Loran. Vous me semblez bien impulsif pour un haut dignitaire !
- Ma colère est légitime, Excellence. Il est écrit dans nos règles 'Pour les bonnes âmes tu donneras ta vie' !
- Il ne s'agit que d'elfes, Loran. Ces ... êtres qui ne croient en rien, incapables de veiller à leurs frontières, paresseux et hédonistes. Ils n'ont pas d'âme. Ils ne savent pas se battre. Ils ne méritent pas le sacrifice d'un seul de nos vaillants templiers " Intervint le cardinal Perek
" Leurs talents sont nombreux. Leurs artisans sont habiles et leurs artistes incomparables. Ils ne savaient plus se battre, certes, mais ils réapprennent vite. Les derniers sangrelins qui ont attaqué Roc-Fer en ont fait l'amère expérience. Je suis sur que dans quelques années, ils seront à la pointe de la reconquête de Sombrerive. J'aimerais en dire autant de vos amis verougues, Perek. Ils n'ont versé, malgré leurs immenses fortunes, que quelques fifrelins pour la reconquête de Sombrerive. Et lors de la dernière campagne de recrutement, combien avons-nous recruté de gens de Verrou, Monsieur Perek ?
- Je... Je l'ignore.
- Cinq : Dont deux opposants politiques dont les familles ont été massacrées, un batard abruti, résultat de l'union consanguine d'un sénateur et de sa fille ,qui récurera les écuries jusqu'à la fin de sa vie car il est bien trop stupide pour faire quoi que ce soit d'autre et deux espions promptement démasqués et que je suis dépêché d'envoyer sur Borêne où j'espère bien les voir passer rapidement au fil de l'épée d'un seigneur de guerre ou d'un de leurs compatriotes.
- Et combien de vos amis libreterrans, Sire ? " Demanda fielleusement Perek
" Aucun. Et je préfère les voir devenir de bons édrulains que de mauvais templiers. Par contre, les échanges sont fructueux avec Libreterre. Ils nous enseignent de nouvelles techniques de combat, rien n'échappe à leurs services de renseignement et nos blessés les plus graves ont été promptement remis sur pied après être passés entre les mains de leurs magiciens guérisseurs.
- Nous ne sommes pas là pour parler des verougues, Messieurs. Je vous rappelle que ces gens que vous appelez vos amis montent désormais des ... dragons ! "

Si un impudent avait laisser tomber culotte et posé un étron devant notre grand cardinal, ce dernier n'eut pas affiché une moue plus horrifiée.

" Des dragons, Loran, des dragons ! Ces créatures abominables tout droit sorties des neuf enfers. Que devons-nous faire ?
- Je vous écoute, Excellence
- Vous êtes le bras armé de l'Unique, Loran.
- Ces dragons s'en sont-ils pris à des innocents ? Ont-ils attaqué des villages ? des navires marchands ? Non. Je me bats contre des menaces directes, comme les sangrelins de Sombrerive. Quelque soit votre animosité envers ces créatures, je ne risquerais mes templiers que lorsqu'ils seront un danger
- Ils le seront, un jour ou l'autre
- Ce jour là, mes templiers seront là.
- Comment osez-vous me désobéir, Loran ? "

Les yeux du grand cardinal étaient écarquillés par la colère, ses lèvres serrées tremblaient.

" Je ne suis pas votre obligé, ni votre vassal, ni votre subordonné, Excellence. Et quand bien même le serais-je, je serais bien curieux de savoir comment il me serait possible de m'en prendre aux édrulains. Vous me voyez demander à mes preux de s'attaquer à ceux qui hier étaient à leurs cotés face aux sangrelins, face aux ksups de Verlande, face aux pirates du grand nord ?
- Vos paroles sont celles d'un traitre !
- Les vôtres tournent à l'insulte, Excellence. J'attends d'un grand cardinal un peu plus de mesure "

Le grand cardinal se leva brusquement, renversant le lourd siège où il s'était assis. Le droit brandi vers mon seigneur et maitre, il fulmina

" Loran, je vous ferais fouetter !
- Comme vous faites fouetter les pages à votre service au moindre faux pli dans vos robes ou pour un thé servi un peu trop chaud ou trop froid, Excellence ? En y prenant souvent part vous-même et en retirant le plus vif plaisir ? "

Parrot bafouilla quelques mots incompréhensibles. Son visage devint rouge, puis violet. S'appuyant à la table, il mit une main contre son coeur, aspira de l'air et s'effondra comme une masse.

Perek se leva et se précipita vers lui.

"Il ne respire plus. Loran, par l'Unique, imposez-lui les mains. Notre grand cardinal est en train de mourir !
- Je ne vois là qu'une manifestation de notre divin seigneur qui a puni Parrot de sa cruauté. Pour vous, Perek, je me contenterai de vous voir repartir pour Verrou par le premier bateau pour ne jamais revenir. Après, bien sur, que vous m'ayez signé ces lettres de créance pour permettre à notre trésorier de retirer les quelques milliers de pièces d'or qui dorment dans un coffre de la banque des Frères Kazaroof à Beauxmat. Un coffre ouvert au nom de votre frère, un pauvre épicier de Lanareta, soit dit en passant. Car si nous, pauvres pêcheurs de templiers, sommes astreints à la pauvreté et à l'abstinence, j'en attends autant, sinon plus, d'un cardinal. Cet or pourrait bien me payer quelques affrètements entre Verlande et Sombrerive. Quand à vous, Jossum... "

(to be continued)

mercredi 26 novembre 2008

Le concile de Bénie-Ile - 1

Il y avait là Parrot IV, grand cardinal, Lord Jossum, intendant de l'île, Perek, cardinal délégué auprès du sénat verougue et Sire Loran, haut dignitaire de l'ordre des templiers, mon seigneur et maître, aux cotés duquel je tenais le rôle d'écuyer, de secrétaire particulier et de scribe. Le grand cardinal prit la parole le premier. C'est un petit homme, au profil d'aigle, connu dans toutes les Folandes pour son interprétation très stricte des textes sacrés.

" Messieurs, je vous remercie d'être présents. Sire ", dit-il en se tournant vers mon maître " je vous suis particulièrement reconnaissant d'être venu de Verlande pour cette importante réunion. Avez-vous fait bon voyage ?
- La mer est mauvaise en cette saison, excellence. Mais il est toujours agréable de revoir Bénie-Ile et de pouvoir se recueillir en ce lieu saint.
- Avez-vous des nouvelles de Sombrerive ?
- Pas très bonnes, hélas. Je peine à réunir une flotte suffisamment importante pour amener les quinze compagnies que j'ai réunies sur Verlande. Vous comprendrez qu'il serait maladroit de débarquer en plusieurs fois. Les rapports récents parlent d'une horde d'au moins deux mille Sangrelins dans le nord de l'île.
- Deux mille ! Que l'Unique ait vos valeureux en Sa sainte garde !
- Nous prions tous pour cela, Excellence. Mais toutes nos prières ne serviront pas à grand chose si je ne trouve pas rapidement du vilain or pour payer ces maudits capitaines de galères qui ne comprennent rien à notre mission sacrée.
- Nous nous entretiendrons de tout cela tous les deux, Sire. Lord Jossum n'a pas son pareil pour obtenir de nos fidèles pèlerins qu'ils contribuent à notre cause sacrée "

Lord Jossum, un gras marchand aux doigts boudinés couverts de bagues, s'inclina avec un sourire fielleux à l'évocation de son nom. Certains soupçonnaient qu'une part importante de l'argent que ses collecteurs obtenaient des pèlerins finissait dans des coffres de BeauxMats ouverts à son nom, sans que cela n'ait pu jamais être prouvé. Comment un tel homme avait-il pu gagner la confiance du grand cardinal ?

" Mais l'heure n'est pas à cette question. Je veux que nous parlions de Libreterre et des Edrulains. Perek a des informations importantes à nous confier qui requièrent toute notre attention. Perek, nous vous écoutons.
- Merci, excellence. Il y a trois mois de cela, trois galères verougues ont essayé de s'emparer d'un petit port situé au nord-est de Libreterre. Une seule en est revenue, avec à peine la moitié de son équipage et de nombreux blessés à son bord "

Je notai l'imperceptible sourire sur les lèvres de mon maitre.

" Depuis combien d'années les Verougues essaient-ils de prendre pied à nouveau sur Libreterre ? Nous nous sommes toujours tenus à l'écart de cette guerre ! En quoi ce nouvel incident nous concerne t'il ?
- Laissez Perek achever, Sire " dit le grand cardinal d'un ton cassant
" Merci, Excellence. Ce qu'il y a d'étrange, pour ne pas dire effrayant, est que les galères ont été attaquées en pleine mer par des dragons.
- Je ne vois là rien de très inquiétant. Tout le monde sait qu'il y a encore des dragons sur Libreterre.
- Ceux-ci étaient montés, Sire. De la même façon que vos braves chevauchent leurs destriers. Et qu'ils étaient menés par des Edrulains ! "

Un grand silence accueillit cette phrase. Le grand cardinal le rompit en parlant d'une voix forte.

" C'est une monstruosité, une abomination sans nom. Nous ne pouvons tolérer cela. Il est temps de ramener les libreterrans à la juste raison
- Nous n'avons pas à nous mêler de cette guerre. Nous avons toujours évité d'intervenir dans les conflits où les deux protagonistes vénéraient celui vers lequel se tournent nos prières.
- Puis-je faire remarquer au haut dignitaire que les libreterrans ne vénèrent pas l'unique mais ce ... Lokar ! Ce dieu impie vers lequel se tournent de plus en plus d'esprits faibles partout dans les Folandes ! " dit Perek avec un sourire mauvais.
" Dieu impie, peut-être, mais qui a su donner à ceux qui le vénèrent assez de force et de courage pour repousser la meilleure armée des Folandes hors de leur île
- Vous en réjouissez-vous, Lord Parrot ?
- Je ne peux que déplorer que des gens en nos îles tournent leurs prières vers d'autres que notre Seigneur. Quand au fait de voir repousser les Verougues, mes voeux de Templier m'obligent à toujours dire la vérité : oui, je me réjouis que les Verougues aient été chassés du Logran.
- Comment pouvez-vous oser affirmer cela ?
- Les Verougues : des conquérants qui font commerce d'esclaves, alors qu'il est écrit 'd'âmes tu ne feras commerce sans mettre la tienne en péril'. Tout leur est bon pour s'enrichir et s'enrichir encore, lever des armées pour conquérir toujours plus de colonies ! Et s'il ne fallait retenir qu'une seule chose positive de cette guerre, ce serait l'apparition des Edrulains. Sans eux, que seraient devenus les elfes de Sombrerive ? C'est le sacrifice des cent Edrulains à la passe des Roches Rouges qui a pu leur donner le temps d'embarquer vers Entreville. Dois-je vous rappeler, Sir Perek, qu'ils ont tenu une semaine à un contre cinquante ?
- La position stratégique de l'endroit s'y prêtait, d'après ce qu'il a été écrit. Je ne doute pas un seul instant que vos templiers eussent fait de même.
- Je n'ai également aucun doute à ce sujet. Mais dois-je rappeler à vos excellences qu'il m'a fallu attendre plus de trois mois qu'elles consentent à me permettre d'embarquer mes preux vers Sombrerive ? Et qu'il était bien trop tard quand l'ordre est arrivé ! "

Le poing de Parrot IV s'abattit avec force sur la table

"Il suffit, Loran. Vos insinuations dépassent toutes les bornes !"

(to be continued)

mercredi 13 août 2008

Entreville et Havredoux

Extrait du "Guide des Folandes à l'usage du voyageur spatio-temporel ", edition électronique, version 3.14
Entreville 
C'est le point d'entrée des Folandes pour qui vient de l’Ouest. 
C'est une île d’environ 300 Km du sud au nord dans et 250 d'est en ouest. 
Elle est majoritairement occupée par la forêt d'Aluna, désormais principal refuge des elfes venus de Sombrerive désormais aux mains (crochues) des sangrelins.
La ville d'Hurlelune est habitée par des Wolfen (Hommes-loups)
Celle de Miato par des Kitlings (Hommes-Chats)
La principauté de Beauxmats est une ville riche habitée par des riches venus d'un peu partout se mettre à l'abri des percepteurs, de leurs rivaux ou de leurs créanciers. On n'entre pas à Beauxmats sans y être invité ou sans une bourse bien garnie et il fait bon vivre à Beauxmats tant que votre bourse est pleine et votre tête vide d'idées politiques incorrectes autour du partage des richesses (comment ?) et la fin de l'esclavage (hein ?) 
Port-Vaillant est un port forteresse désormais aux mains des elfes, qui veillent sur la côte est de l'île afin de s'assurer que les sangrelins ne débarquent. Plusieurs tentatives ont échoué. Il faut noter qu'il y a peu d'endroits propices et que ces derniers sont étroitement surveillés. 
L'île de Rocfer (parfois orthographiée Roc-Fer), qui fait face à Port-Vaillant est une île de garnison d'où partent de nombreux raids vers Sombrerive, chargés d'affaiblir les sangrelins et de les empêcher de s'établir trop près de la côte. 

Havredoux

Havredoux est un grand port cosmopolite où arrivent et partent souvent tous ceux qui veulent se rendre dans les Folandes.
C'est une république matriarcale avec à sa tête un conseil des représentants des huit principales corporations de la ville : pêcheurs, artisans, marchandes, banquières et changeuses de monnaies, boutiquières, prostituées (appelées ici soulageuses), les femmes de soin –herboristes, guérisseurs, matrones et médecins- et magiciennes (Le féminin est ici présent à raison. Les corporations des pêcheurs et artisans ont toujours un homme à leur tête, les autres sont toujours dirigées par une femme). Chaque maitre/maitresse des corporations dirige le conseil pendant un trimestre à tour de rôle. Les décisions sont prises par consensus, généralement autour d’une tasse de thé. D’ailleurs, la population n’hésite jamais à descendre dans la rue exprimer son mécontentement devant toute décision qui lui déplait. 
Havredoux est une ville accueillante au climat agréable. On peut tout y trouver, il suffit d'y mettre le prix. Sa position centrale à l’est, la proximité des Mililes et de ses innombrables artisans, en fait une place de marché réputée. Son souk est célèbre dans toutes les Folandes. Au delà des marchands, on y croisera maints ambassadeurs venus de tout l’archipel et au-delà, ce qui donne lieu parfois à certaines frictions au coin des rues lorsque deux ambassadeurs de pays ennemis se croisent. 
La ville reste néanmoins calme car l'ordre y est relativement assuré par le célèbre guet des nonnes guerrières de la colonnelle Krivia avec lesquelles personne ne plaisante. Les plaisantins ont tôt fait d’être emmenés manu militari pour quelques jours de travaux au service de la cité, comme balayer les rues ou entretenir les jardins publics. Les délits les plus graves sont sanctionnés par la prison (rarement) ou le plus souvent par un petit séjour dans les galères 
Havredoux est une ville matriarcale depuis plus de sept siècles, depuis ce jour funeste (quoique…) où la plupart des hommes de la cité partirent en guerre contre le roi de Borêne qui les étripa joyeusement et garda les rares survivants en esclavage. 
Depuis, la cité a prospéré. Havredoux n’entretient plus d’armée à l’exception d’une petite milice de volontaires pour la défense de la ville, le maintien de l’ordre et pour impressionner les BeauxMatiens (Habitants de la ville rivale de BeauxMats que les Havredouciens, qui ne ratent jamais l’occasion d’un mauvais jeu de mots, appellent BeauxMatons, voire LaidsMatons quand ils sont en forme). Un système efficace de taxes d’un montant raisonnable sur le débarquement des marchandises façonnées protègent les artisans locaux et alimentent les caisses de la ville, sans pour autant faire augmenter le prix des matières premières. 
La direction féminine de la ville se fait sentir partout. De nombreuses juges de proximité, choisies par les habitantes, règlent les différents sans violence et dans un esprit d’équité. Dans les familles, la répartition des tâches est égalitaire entre l’homme et la femme. Un trait qui étonne toujours le voyageur est qu’il est permis à une Havredoucienne d’avoir plusieurs époux. Ainsi voit-on souvent toute la progéniture male d’une famille riche épouser la même femme pour ne pas disperser la fortune maternelle. Cela ne garantit pas le bonheur dans le foyer mais a le mérite d’éviter les partages d’héritage pénibles. De plus, la société Havredoucienne est très tolérante sur les rapports extraconjugaux et les bordels, où cohabitent allègrement soulageuses et soulageurs, sont des endroits appréciés de beaucoup où l’on ne vient pas que pour la bagatelle mais aussi pour diner, boire un verre, passer un moment dans les bibliothèques souvent bien garnies et s’informer des dernières rumeurs et potins . D’ailleurs, Havredoux est un des rares endroits au monde ou « p… » n’est pas considérée comme une insulte mais plutôt comme un compliment. 
A noter que les guérisseurs ont réglé depuis longtemps le problème des grossesses non désirées et qu’aucune MST ne résiste à un bon sort de soin et vous comprendrez que l’ambiance à Havredoux est certes tournée vers les exercices physiques d’une catégorie fort agréable, ce qui n’est pas sans contribuer à son renon. D’ailleurs, vous trouverez à Havredoux la célèbre boutique « Les philtres et enchantements d’Agame » tenue par la célèbre magicienne alchimiste spécialiste en sorts et en charmes les plus agréables qui soient, depuis le Vit à Gras qui redonne l’élan aux mâles défaillants aux illusions sensorielles les plus torrides pour ceux pour lesquels même la magie ne peut plus rien. (La boutique reçoit sur rendez-vous privé avec entrée par une rue sombre et peu fréquentée pour les timides)

mercredi 23 juillet 2008

Miato, ville des Hommes-Chats - 2

Texte présenté à l'académie de Lanareta par Yomane, érudit, membre émérite de l'université
...Il me faut maintenant parler de l'organisation familiale à Miato et de cette coutume étrange qui attire tant de gens venus de loin à Miato. Au préalable, je dois avertir le lecteur de bonnes moeurs qu'il sera probablement surpris et choqué par ce qu'il va lire et donc de ne pas continuer sa lecture si sa morale le lui interdit.
Les dames de Miato sont très belles. Leurs visages fins, leurs grands yeux verts, bleus ou dorés, la douceur du duvet de leur joues attirent le regard. De plus, elles sont impudiques et provocatrices, vêtues de robes courtes et légères aux décolletés profonds. Elles n'hésitent pas à interpeller l'étranger pour l'emmener dans les endroits les plus agréables de la ville, moyennant quelque cadeau et parfois même pour le seul plaisir de la compagnie.
De leur lointaine ascendance féline, les hommes-chats ont conservé l'habitude de ne point rester auprès de leurs compagnes après que celles-ci se soient données à eux. Dans le passé, cela n'allait sans poser problème, car ces pauvres dames laissées seules en compagnie de leurs bébés avaient parfois le plus grand mal à survivre.
Il faut en effet savoir que, plusieurs fois par an et durant une quinzaine de jours, la femme-chatte est prise de langueurs qu'elle ne peut contrôler qui lui font rechercher de façon absolue et impérative un mâle à qui accorder ses faveurs. Immanquablement, un ou deux bébés naissaient de cette union et les familles croissaient de façon dramatique.
Jusqu'au jour où une dame de Miato se donna à un homme de passage. Elle dut trouver ce monsieur à son goût d'autant plus que leur union fut stérile. Depuis, les dames de Miato ne s'offrent aux messieurs de Miato que lorsqu'elles désirent des enfants. Dans les autres périodes où elles sont en état d'amour, elles proposent aux hommes (ou elfes ou hommes-loups, mais beaucoup plus rarement aux nains et aux hommes-rats) de passage, moyennant quelques subsides, de passer un moment délicieux en leur compagnie.
Cela n'a rien à voir avec de la prostitution et a contribué à ramener la démographie galopante de Miato dans des proportions acceptables.
Dans un esprit purement scientifique, j'ai accepté la proposition d'une dame de Miato. Quelle délicieuse nuit ce fut ! Je subis avec bonheur un tourbillon de tendresse, une tornade de baisers, un flot ininterrompu de caresses, qui me laissa plus pantelant qu'une longue course à cheval. Certes, cela me couta fort cher mais la science ne doit reculer devant aucune dépense !
La prospérité de Miato a donc deux origines, l'habileté de ses artisans et la science des arts amoureux de ses dames. J'encourage tout voyageur, pourvu que sa bourse soit bien garnie, à se rendre à Miato. Il ne le regrettera pas...

vendredi 11 juillet 2008

Miato, ville des Hommes-Chats - 1

Texte présenté à l'académie de Lanareta par Yomane, érudit, membre émérite de l'université

Miato est une des villes les plus étranges qu'il m'ait été donné d'étudier. Nous connaissons tous les hommes-chats, que certains appellent kitlings, même s'ils sont assez peu nombreux dans notre bonne ville. En effet, il a été depuis longtemps attesté qu'ils viennent du sud et il semblerait que le climat humide et frais de nos contrées ne leur sied guère. Nous savons qu'ils sont généralement peu portés aux travaux de force, à l'agriculture et qu'ils se révèlent assez indisciplinés à la guerre, tout en étant de redoutables combattants quand leur vie ou celle de leurs proches est en danger...

Miato est située sur l'île d'Entreville, dans les terres, quelque part entre Havredoux et BeauxMats. Ces deux cités sont rivales depuis toujours et les gens de Miato ont su, avec beaucoup de tact, se concilier les bonnes grâces des gens de l'une et de l'autre. Même si je m'incline à penser qu'ils se sentent plus proches par l'esprit des Havredouciens, ils ne peuvent ignorer les riches habitants de BeauxMats avec lesquels ils font commerce.

Dans les forêts immenses et dangereuses du lointain sud, au delà des Folandes, mon regretté collègue et ami Jikupogue s'est trouvé face à des kitlings sauvages et n'a survécu que le temps d'écrire quelques phrases obscures évoquant des jeux extrêmement cruels où les kitlings lacéreraient à coup de griffes de pauvres êtres tombés entre leurs mains avant de les dévorer crus. Il va de soi que les gens de Miato ont su dominer ces instincts animaux depuis longtemps pour faire de leur cité un endroit extrêmement agréable où mon séjour, quoique motivé par des raisons scientifiques, a été aussi agréable que possible.

Miato n'est pas une très grande ville. J'estime sa population à 25 000 personnes auquel il faut ajouter de nombreux voyageurs de passage. Les terres aux alentours de la ville sont riches et peuplés de paysans qui, chaque matin, viennent au grand marché qui se tient aux portes de la ville vendre le fruits de leurs travaux. Les kitlings ont poussé au paroxysme l'art de marchander et les paysans, las de se faire rouler, ont su se grouper aux corporations et imposer des prix minimum en dessous desquels il est interdit de vendre, sous peine d'exclusion du marché.

Ce marché est un vrai régal pour les yeux. On y trouve de tout : légumes et fruits de la région, poissons hors de prix des pêcheurs de BeauxMats qui n'est qu'à une nuit de cheval, poissons des rivières environnantes, fruits de la chasse de la forêt proche et surtout objets artisanaux façonnés par les artisans de la ville. Les kitlings excellent dans l'art de tisser les plus beaux tissus et de confectionner des  vêtements magnifiques. L'élégance semble être le premier souci des gens de Miato. Les plus désargentés d'entre eux sont capables de ne pas se nourrir durant plusieurs jours pour une belle chemise ou une paire de beaux souliers.

La ville est concentrée sur un espace assez réduit. Les maisons sont construites en bois, paille et terre, sur plusieurs étages. Leurs toits sont plats et les escaliers sont extérieurs car les lieux de vie des familles se situent généralement sur un seul étage. Ces toits sont une ville dans la ville. On y trouve de nombreux pigeonniers -les kitlings raffolent du pigeon rôti-, de petites jardinières où poussent des herbes étranges que les kitlings aiment à fumer dans de longues pipes ainsi que des plantes médicinales et aromatiques.On y trouve aussi de larges banquettes où les kitlings aiment s'endormir au soleil, nus dès que la température l'autorise, ce qui est souvent le cas à Miato.

Les toits, mais aussi les escaliers de chaque coté des rues, sont reliés entre eux par de fines poutres en bois dont la largeur n'excède pas un demi-pied. Pour ceux qui comme moi souffrent du vertige, emprunter de tels passages relève du calvaire. Je fus l'objet d'aimables moqueries devant l'appréhension dont je fis preuve sur ces passages mais je trouvai toujours une main secourable pour m'aider sur ces passages.

La ville est dirigée par le Chatlife Haroun el Pouchat, celèbre dans toutes les Folandes pour sa bonhomie, sa courtoisie, l'importance de bon embonpoint et sa capacité à dormir plus de 18 heures par jour. Mais quand il est réveillé, ce souverain débonnaire est fort habile et administre sa ville avec habilité. Son peuple le chérit et cela est mérité, car Haroun el Pouchat est un excellent souverain juste et bon

Un grand merci à tous les participants du Forum Casus NO et des forums de l'Ours pour m'avoir donné pistes et idées pour la rédaction des textes sur les Folandes en général Miato en particulier : Childeric maximus, Apocalipta, Fabien_Lyraud, Le Chacal, Sprotj, Blafard, Kobayashi, Archonte, Le Hun de Troie. Vos idées sont très stimulantes pour ma pauvre imagination rouillée par des années de non-création...

(to be continued...)

lundi 30 juin 2008

De quelques îles - 2

Lettre du marchand Oron à son associé et frère Noro
Mon cher frère,

Lanareta
est bien ce qu'on nous en avait décrit. Tous les peuples, toutes les races y cohabitent dans une paix relative, même si cette cité est infiniment plus agitée que notre bonne ville d'Havredoux.

Tu remercieras notre épouse aimée de m'avoir amplement pourvue de vêtements chauds et épais. Il n'a pas cessé de pleuvoir depuis mon arrivée la semaine passée, une pluie fine, froide et désagréable qui semble pénétrer les étoffes les plus épaisses. Par bonheur, l'auberge que le vieux Bafhor m'a conseillé s'est révélée accueillante et agréable et tout à fait bien placée dans la cité, à proximité du palais du Comte, dans un quartier calme.

Ce Comte est bien jeune pour diriger une cité de près de 20 000 feux : il n'a en effet que dix-neuf ans et est monté sur le trône de son père il y a peu plus d'un an, après la mort de ce dernier dans des circonstances inexpliquées qu'il vaut mieux ne pas aborder en compagnie des gens d'ici. Ce jeune homme est sous l'influence de nombreux conseillers et courtisans rivaux qui se disputent ses faveurs et il me parait difficile de savoir vraiment qui dirige cette contrée.

L'ordre règne néanmoins. La milice est redoutablement efficace et il ne se passe guère de jour sans qu'un malandrin soit fouetté au vu de tous sur la grand-place. Les gens que je rencontre et qui seront peut-être nos fournisseurs de demain se plaignent de larcins et de vols mais la prospérité qu'ils affichent me laisse croire que ces pertes semblent largement compensées !

Il y a ici de quoi faire de belles affaires, tu peux en être certain. Les mines exploitées par les nains dans la montagne regorgent d'or, de rubis, d'émeraudes et autres pierres de toute beauté. Les armes et armures qu'ils créent dans leurs forges sont de belle facture et vaudront leur pesant d'or à Borêne ou à Verrou !

On trouve également ici des gens qui viennent d'au delà des Folandes, avec des peaux magnifiques d'animaux inconnus dans nos contrées et d'autres choses fort intéressantes dont je te parlerai de vive voix.

Je suis sur le point de conclure un accord intéressant avec un Taurin du nom de Virkan qui me semble présenter toutes les garanties pour devenir un partenaire précieux. Et oui, il y a tellement d'or dans cette cité que même les Taurins se mettent au commerce. A voir sa demeure, celui-çi me semble parfaitement réussir dans ce métier !

Embrasse affectueusement notre chère épouse pour moi, il ne se passe pas d'heure où je ne pense à elle.

Bien à toi, mon cher frère.



samedi 28 juin 2008

De quelques îles - 1

Donc, du Nord au Sud et d’Ouest en Est (de haut en bas et de gauche à droite pour les incultes en géographie), voici quelques îles des Folandes. Vous trouverez une carte ici

Terra Furiosa : Si vous aimez les jeux guerriers, les labyrinthes, les bras de fer, les batailles  de boule de neige (il fait froid dans le nord), si vous pensez que les mangeurs de steaks sont les pires individus qui soient et que rien ne vaut une bonne salade de trèfle aux pissenlits, Terra Furiosa, pays des Taurins (hommes taureaux pour les incultes) est faite pour vous.

Verlande : Des landes et des forêts, habités par de petites communautés humaines et naines de paysans, de mineurs et de bucherons un peu rustres et pas méchants mais qui n’aiment pas qu’on se mêle trop de leurs affaires. Les quelques malotrus qui essaient de les envahir régulièrement s’en mordraient les doigts si leur tête ne se retrouvait pas rapidement sur un pieu de bois planté à l’entrée des villages, comme une incitation à bien se conduire. Par contre, ceux qui viennent poliment et paient des coups à boire sont accueillis avec la simplicité frustre de ces braves gens.

Sombrerive (anciennement Ilheureuse) : Ilheureuse était autrefois le domaine des elfes. Ces derniers ont commis deux erreurs historiques. La première est de ce couper progressivement des autres îles et la seconde de laisser les sangrelins de la montagne se développer. Aussi, quand ces derniers les ont attaqués à vingt contre un, malgré une résistance héroïque, les elfes n’ont eu d’autre choix de s’embarquer pour Entreville, laissant leur île aux mains des méchants.

Entreville : Une île au climat accueillant, terrain immémorial de la rivalité entre les cités d’Havredoux et de Beauxmats. Entreville a été très récemment bouleversée par l’arrivée de nombreux réfugiés elfes venus de Sombrerive qui se sont installés dans l’immense forêt qui recouvre en grande partie son territoire

Les Mililes : Personne n’a jamais su compter le nombre d’îles qui composent cet archipel. Chacune des îles qui la composent est farouchement indépendante et souvent spécialisée dans un domaine d’artisanat, d’agriculture ou de pêche. Et les marchands qui les relient sont à la fête !

Borêne : Borêne est théoriquement le royaume de la famille des Montlord. Depuis 40 ans et la mort du roi Amalon XII qui avait commis l’erreur de ne pas désigner son héritier parmi ses 37 enfants, nés de ses 12 épouses officielles (et encore, on ne compte pas les bâtards !), l’île est en proie à une guerre de succession larvée qui fait que personne n’a pu garder le trône plus de deux ans. Les grands nobles dont les pouvoirs avaient été sérieusement réduits par Amalon XII se gardent bien pour la plupart de prendre partie et en profitent pour accroître leurs pouvoirs et parfois leurs terres, ce qui ne se fait que rarement sans friction. Si on ajoute à cela le fait que les Sangrelins de Sombrerive commencent à s’intéresser sérieusement à Borêne, que les vérougues commencent à s’emparer de quelques villes côtières pour en faire des comptoirs de commerce, on comprendra que cette île n’est pas la plus agréable des Folandes, malgré son climat doux, sauf si vous êtes un mercenaire et que vous savez choisir avec habileté votre camp.

Larrone : Une petite ile entourée de terribles courants qui la rendent difficile à aborder sauf pour les très rares qui connaissent les voies. Cela explique peut-être que c’est aujourd’hui un refuge de malandrins et le meilleur endroit qui soit pour acheter et vendre ce qui est difficile à acheter et vendre ailleurs : objets magiques, philtres et potions de toutes catégories, tissus précieux, armes… Il n’y a qu’une seule chose qu’on ne trouve pas à Larrone : les esclaves, car l’île se veut une communauté libre.

Verrou : Les Vérougues sont un peuples de guerriers et de conquérants, en même temps qu’une civilisation raffinée, tournée vers les arts et le commerce. Leurs lois sont sévères et le Sénat, élus par les plus riches et par ceux qui ont montrer leur courage et leur art de la guerre lors des conquêtes, fait régner l’ordre sur l’île où les prisons n’enferment pas que les malandrins… De nombreux vérougues, après leur engagement obligatoire de cinq ans dans l’armée, n’hésitent pas à se mettre au service des plus offrants…car leurs services se font chèrement payer. D’autres, méprisés par leurs pairs, préfèrent se réfugier sur Libreterre, sur Larrone, dans les Mililes pour échapper à une société qu’ils qualifient d’oppressante, voire d’invivable.

Libreterre : Libreterre est une grande île aux terres riches peuplées de gens doux, pacifiques et philosophes, qui ont compris que la cupidité et l'ambition n'étaient source que de tracas. Ils vivent en petites communautés autonomes, pacifistes et libres, vivant de troc et en totale communion avec la nature. Les Libreterrans aiment à voyager à travers leur île où ils sont surs de trouver un repas avec un verre de bon vin, un toit, de l’amitié et souvent plus dans chaque village qu'ils rencontreront.

L'ile produit des vins de très grande qualité qui valent très cher dans les Folandes, d’autant plus que les Libreterrans refusent de les vendre aux marchands des autres iles ! Donc Libreterre s'est trouvée, envahie par les vérougues, attirés par ces riches terres fertiles, qui n'ont évidemment rencontré aucune résistance chez ces gens profondément gentils. Puis peu à peu, les gens de Libreterre ont secrètement converti leur magie autrefois utilitariste vers une magie plus guerrière. L'ordre des Edrulains, guerriers magiciens, s'est ainsi secrètement créé et a bouté les vérougues hors de Libreterre en quelques années.

Ces Edrulains sont depuis considérés comme un mythe dans toutes les Folandes. Ils sont en effet les seuls capables de vaincre les guerriers vérougues (ce dont ils ne se privent pas) qui restaient invaincus avant la conquêtes de Libreterre. D'autant plus qu’ils refusent tout engagement en tant que mercenaires puisqu'ils sont issus d'un peuple pour lequel l'or n'a qu'un intérêt purement décoratif.

Libreterre intrigue, agace, séduit.